Quand je suis arrivée à Marrakech pour m’y installer, j’avais mille questions en tête. Certaines étaient existentielles (« Vais-je trouver du fromage de chèvre ? »), d’autres plus terre-à-terre mais ô combien essentielles quand on veut vraiment s’ancrer dans un nouveau pays. L’une d’elles est rapidement devenue incontournable : qu’est-ce que la TPI au Maroc ? Et surtout, pourquoi tout le monde m’en parle dès que j’évoque la possibilité d’ouvrir un commerce ou de travailler à mon compte ?
Alors si vous aussi vous vous posez cette question, que vous soyez curieuse ou curieux, futur entrepreneur, salarié, ou simple passionné de fiscalité marocaine (oui, il y en a), je vous partage tout ce que j’ai appris sur la TPI au Maroc — sans jargon, avec un brin d’humour, et surtout, depuis ma perspective d’expatriée qui a appris tout ça sur le tas… à Marrakech, évidemment.


TPI au Maroc : de quoi parle-t-on exactement ?
La TPI, ou Taxe Professionnelle Immobilière, est souvent l’objet de confusion. Et pour cause : au Maroc, les termes administratifs se ressemblent, s’entrelacent, et prennent parfois des accents très locaux. En réalité, la TPI dont on parle le plus souvent aujourd’hui, c’est la Taxe Professionnelle tout court, anciennement appelée « patente ».
Cette taxe est une contribution locale que doivent payer les personnes exerçant une activité professionnelle, commerciale, industrielle ou artisanale. Que vous soyez propriétaire d’un riad que vous louez en chambres d’hôtes, gérant d’un café trendy à Guéliz, ou freelance en graphisme installé dans un coworking de Sidi Ghanem… si vous avez une activité régulière au Maroc, vous êtes concerné.e par la TPI.
Qui doit payer la TPI au Maroc ?
Comme beaucoup de choses au Maroc, cela dépend.
Mais en gros, toute personne physique ou morale qui exerce une activité professionnelle à but lucratif est soumise à la TPI. Ça inclut donc :
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Les sociétés (SARL, SA, etc.)
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Les commerçants individuels
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Les artisans
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Les professions libérales
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Les freelances et auto-entrepreneurs
Et oui, même si vous êtes une expatriée qui travaille en ligne depuis un joli riad avec fontaine et murs couleur ocre, vous êtes concernée par cette taxe… à partir du moment où votre activité génère des revenus et que vous êtes enregistrée au registre du commerce marocain.
La TPI : comment ça fonctionne ?
Voici ce que j’aurais aimé qu’on m’explique simplement à mes débuts :
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La taxe est annuelle. Elle est due chaque année, et calculée en fonction de la valeur locative des biens utilisés pour exercer l’activité. Donc si vous avez un local commercial, c’est ce local qui sera la base de calcul. Si vous êtes freelance à domicile, on prend généralement une partie de la surface de votre logement.
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Vous êtes exonéré.e pendant les cinq premières années d’activité. C’est une super nouvelle ! Dès que vous créez votre entreprise ou que vous vous inscrivez comme professionnel, vous êtes dispensé.e de la TPI pendant cinq ans. Cette exonération vise à encourager la création d’entreprise au Maroc.
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Après les 5 ans, vous payez un pourcentage sur la valeur locative : de 10 % à 30 % selon votre chiffre d’affaires.
Pour vous donner une idée concrète : une petite boutique à la médina qui paierait 20 000 dirhams de loyer annuel pourrait se voir appliquer une TPI d’environ 2 000 à 6 000 dirhams par an, selon son activité.
Où et comment payer la TPI ?
Alors là, bienvenue dans le vrai Maroc. Il faut s’armer de patience, de photocopies, et d’un bon café à emporter.
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L’inscription se fait auprès du bureau d’impôts local (la Direction Régionale des Impôts).
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Il faut remplir une déclaration de début d’activité, indiquer la nature de l’activité, le lieu, etc.
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Chaque année, une déclaration de la valeur locative est à faire si vous changez de local ou de situation.
Conseil d’expat : faites-vous accompagner par un fiduciaire ou un expert-comptable marocain, surtout la première année. Non seulement cela vous évitera des erreurs (et donc des amendes), mais cela vous fera gagner un temps précieux pour profiter des couchers de soleil sur la Koutoubia…
Est-ce que la TPI concerne les locations meublées ou les riads ?
Grande question si, comme beaucoup d’expatriés à Marrakech, vous avez investi dans un bien immobilier pour le louer — en meublé longue durée ou en maison d’hôtes.
👉 Oui, vous êtes concerné.e.
Si vous louez votre riad ou appartement à des tiers (à la nuitée ou au mois), vous exercez une activité professionnelle, donc la TPI s’applique.
Et si vous gérez une maison d’hôtes ou un hôtel de charme, alors non seulement vous devez payer la TPI, mais aussi la taxe de séjour et d’autres contributions locales.
Peut-on être exonéré ou bénéficier d’avantages fiscaux ?
Oui, plusieurs cas d’exonération existent :
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Comme mentionné plus haut, exonération totale pendant 5 ans à partir de la date de création de votre activité.
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Certaines zones géographiques (zones industrielles ou rurales) peuvent offrir des exonérations ou réductions.
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Les coopératives ou associations à but non lucratif peuvent aussi être exemptées selon leurs statuts.
Mais attention, ces cas doivent être justifiés avec les bons documents. Encore une fois, un bon fiduciaire est votre meilleur allié au Maroc.
Ce que j’aurais aimé savoir plus tôt
Voici quelques conseils que j’aurais adoré lire dans un blog (d’où cet article !) :
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Ne tardez pas à vous enregistrer si vous avez une activité, même modeste. L’irrégularité peut coûter cher à long terme.
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Gardez tous vos justificatifs de loyer, surtout si vous êtes en coworking ou à domicile.
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Renseignez-vous localement : les règles fiscales peuvent varier légèrement d’une ville à l’autre.
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Les auto-entrepreneurs sont eux aussi soumis à la TPI… sauf s’ils exercent sans local ou de manière entièrement en ligne — et encore, c’est à vérifier avec les impôts.
Marrakech et l’entrepreneuriat : un cadre unique
Si je parle de la TPI, ce n’est pas pour vous faire peur, mais pour vous préparer. Marrakech est une ville qui bouillonne de créativité, où l’entrepreneuriat est partout : des cafés design de Guéliz aux ateliers de cuir cachés dans les ruelles de la médina, en passant par les studios de yoga et les startups en plein essor.
Mais pour réussir ici, il faut connaître les règles du jeu. Et la TPI fait partie de ces règles à intégrer dès le départ.
Si vous prévoyez de vous installer à Marrakech pour y lancer une activité ou simplement comprendre comment fonctionnent les choses localement, j’espère que cet article vous aura éclairé.
La TPI au Maroc, ce n’est pas une montagne infranchissable. C’est un élément parmi d’autres dans votre parcours d’intégration professionnelle et administrative ici.
Et si vous aimez ce genre d’articles pratiques, n’hésitez pas à explorer le reste de mon blog. J’y partage mon quotidien d’expatriée à Marrakech, mes bons plans, mes galères et mes inspirations, avec toujours cette envie de vous aider à mieux comprendre la ville rouge — au-delà des clichés touristiques.
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